Cette violence fait suite à une opération de déguerpissement entamée le 21 juillet, visant à libérer des terrains pour la construction d’une nouvelle route. Les résidents, farouchement opposés à la destruction de leurs commerces et habitations, ont tenté de résister, entraînant des confrontations avec les agents du district et les forces de l’ordre.
Destruction et résistance
L’opération a débuté à l’aube, avec l’arrivée de pelleteuses qui ont commencé à démolir les structures du quartier. « Vers 6h, on a vu que le village était envahi de Caterpillars, et ils ont commencé à démolir le village », raconte un riverain. Face à la destruction, les jeunes du quartier ont riposté en brûlant une pelleteuse et en affrontant les agents du district. La situation a dégénéré jusqu’à nécessiter l’intervention de la gendarmerie pour rétablir le calme.
Protestations des habitants
Les habitants d’Ebrié, profondément attachés à leur quartier, ont exprimé leur colère et leur douleur face à cette situation. « Ici, c’est notre village ! Nos parents, nos ancêtres, sont ici ! Et ça nous fait mal, très, très mal. Ce sont nos terres ! » a déclaré l’un d’entre eux, portant encore un foulard pour se protéger de la poussière et des gaz lacrymogènes. Regroupés autour des possessions qu’ils ont pu sauver, ils observaient, impuissants, les engins de chantier s’activer sur les ruines de leurs habitations.
Appel au dialogue
Jacques N’Koumo, conseiller du chef du village d’Adjamé, a dénoncé la violence de l’opération. « Il faut préconiser le dialogue d’abord, avant toute chose. Mais on nous surprend d’abord. Et puis ils font ce qu’ils veulent… Vous pensez que nous sommes contents ? Non ! S’il y avait eu ce dialogue, tout ça, là, n’allait pas arriver ! » Il critique également le recours à la force par les autorités : « On les a repoussés jusqu’à derrière le pont. Mais quand la police est venue… Et puis quelle police ! Des armes à feu, des grenades lacrymogènes… Ce n’est pas normal. Vraiment, ce que j’ai vu, ce n’est pas bien. Ce n’est pas possible de voir un village détruit pour une simple petite route ! »
Bilan contesté
La chefferie d’Adjamé rapporte que les affrontements ont fait plusieurs blessés, dont un grave, et un mort. Cependant, les autorités démentent ce bilan, affirmant qu’aucun décès n’est à déplorer. L’opération de déguerpissement s’est finalement achevée sous protection policière, mais laisse derrière elle un quartier en ruines et des habitants en colère, désespérés face à la perte de leurs maisons et de leur patrimoine.
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