Kenya : Appel aux pays africains pour l’adoption d’un système de paiement panafricain

La coopération sud-sud était à l’honneur lors d’un Forum du secteur privé africain sur la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAF), qui s’est tenu au Kenya le 29 mai dernier, en présence du président William Ruto. Lors d’un discours prononcé à l’occasion de cette rencontre, il a appelé les pays africains à la dédolarisation, et à oeuvrer à l’adoption d’un système de paiement panafricain.

Alors que la prédominance du dollar américain dans les échanges internationaux est de plus en plus remise en cause par les puissances émergentes, l’Afrique devrait elle aussi s’arrimer à ce mouvement, à en croire le président kenyan, William Ruto. Il a lancé un appel aux pays africains afin qu’ils oeuvrent ensemble à la recherche de « solutions aux disparités des devises et aux obstacles qui en résultent pour le commerce intra-africain ».

Il a proposé la mise en place d’un mécanisme qui permettrait d’échanger en monnaie locale, que ce soit dans les échanges avec l’extérieur ou entre africains. Il a encouragé l’implication du secteur privé dans le renforcement du commerce intra-africain, grâce à la Zone de libre échange continentale africaine.

Le président Ruto regrette que 80% des paiements intra-africains passent par l’Europe ou le Etats-unis, alors même q’ils engendrent des coûts supplémentaires importants. Par ailleurs, la durée des délais bancaires dans le cadre d’un paiement à partir des mécanismes européens ou américains, peuvent aller jusqu’à cinq jours, ce qui ne serait pas pratique selon lui, pour nos entreprises et pour les particuliers.

Pour rappel, le processus de dépolarisation est un phénomène qui n’est pas nouveau. Plusieurs pays dont la Chine, la Russie, l’Inde ou encore l’Arabie-saoudite et l’Iran, commercent déjà en monnaies locales, face à ce qu’ils considèrent comme un chantage américain par le Dollard. En effet, la politique des sanctions tous azimuts a permis aux Etats de prendre conscience de la vulnérabilité de leurs économiques.

Le cas de la Russie, qui fait face à des sanctions draconiennes et dont l’économie a été exclue du système de paiement Swift, fait école au point que le Brésil appelle clairement ses

pairs des BRICS à accélérer les discussions en vue de parvenir à la création d’une monnaie commune. Beaucoup de pays se joignent à ce mouvement et le sommet des BRICS qui aura lieu en Afrique du Sud en août prochain, permettra certainement d’apporter des avancées sur cette question.