LES FRANCOPHONIES DE LIMOGES : UN ESPACE DE CRÉATIVITÉ, DE FOLIE ET DE POSSIBILITÉS

Le festival des Francophonies à Limoges célèbre depuis 40 ans la créativité théâtrale avec un souffle unique, mêlant générosité et ouverture au monde. Ce mercredi 25 septembre, le festival s’ouvre avec « Les Zébrures d’automne », fidèle à sa vocation d’accompagner les artistes « des écritures à la scène ». Malgré les restrictions croissantes dans la politique culturelle française, notamment vis-à-vis de l’Afrique, le directeur Hassane Kassi Kouyaté tient à maintenir l’essence du festival : « Prôner les cultures du monde pour tout le monde. »

Une édition marquée par la Côte d’Ivoire

L’édition 2024 se distingue par un fort accent ivoirien. La déambulation inaugurale « Abidjan-Limoges, le plus court chemin » ouvre le bal, orchestrée par le chorégraphe ivoirien Massidi Adiatou, qui présente également « On descend à la rue Princesse ». Abdoulaye Trésor Konaté enrichit ce focus ivoirien avec son spectacle « Humming Birds – Made in Côte d’Ivoire ». Toutefois, Hassane Kassi Kouyaté précise que cette édition ne se limite pas à la Côte d’Ivoire : « Il y a une jeunesse en pleine effervescence en Côte d’Ivoire, notamment dans les domaines de la danse contemporaine et des danses urbaines. Cette énergie, cette créativité et cette joie doivent être mises en lumière. »

Des marionnettes aux Francophonies : une surprise poétique

Cette année, le festival surprend en accueillant un spectacle de marionnettes, un genre peu courant aux Francophonies. Les artistes québécois Csaba Raduly et Pavla Mano proposent une œuvre poétique où chaque personnage est conçu à partir de bois morts, ramassés en forêt. Ce travail artistique, à la fois simple et fascinant, aborde indirectement des thèmes écologiques, tout en capturant l’imagination des spectateurs.

Une diversité d’artistes francophones malgré les tensions géopolitiques

Le festival propose une programmation riche et éclectique, rassemblant des artistes issus de plus de 20 pays francophones, dont une large représentation de pays africains. Cependant, l’absence de créations théâtrales en provenance du Mali, du Niger, et du Burkina Faso a suscité des interrogations. Depuis septembre 2023, les autorités françaises ont suspendu toute coopération culturelle avec ces pays, à la suite de la rupture des relations diplomatiques après le retrait des troupes françaises du Sahel.

Pour autant, Hassane Kassi Kouyaté refuse l’idée d’une guerre culturelle : « Cette année, nous accueillons des artistes du Burkina Faso et du Niger, comme Hanna Samira Moumoula, conteuse burkinabè médaillée d’or aux Jeux de la Francophonie, et Iroconteur, conteur nigérien médaillé d’argent.

«  Pour moi, les artistes sont les plus grands médiateurs, capables de tisser des ponts entre nos sociétés », a-t-il conclu