Même s'il ne s'est pas encore prononcé sur le sujet, l'idée d'un troisième mandat de Macky Sall à la tête du Sénégal fait son bout de chemin depuis quelques temps. Les membres de l'Alliance pour la République (APR), parti au pouvoir, réclament l'investiture de leur leader pour la prochaine élection présidentielle, situation qui crée des remous du fait de son caractère anticonstitutionnel. Les journalistes s'y opposent, du moins 80 d'entre eux. Ces derniers ont signé une tribune pour mettre en garde le chef de l'État sénégalais.
« Nous avons jugé que la presse, dernier rempart de la démocratie et de l'État de droit, ne doit ni laisser la forfaiture se répéter ni participer à amplifier le débat via ses canaux. Notre responsabilité sera questionnée par l'histoire si on devait faire le décompte des victimes et dégâts que cette candidature pourrait causer. Au nom de la liberté, de la démocratie, nous disons NON à une 3e candidature de Macky Sall », peut-on lire au début du texte sur le site www.pressafrik.com.
Les hommes de médias rappellent l'épisode douloureux d'il y a une dizaine d'années, avec des manifestations et violences consécutives à la volonté d'Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat. « La perspective de la répétition de ce scénario, au demeurant mortifère, nous pousse à plus d'introspection. La trame du mauvais film qui avait brisé tant de vies ne nous est plus inconnue. Tout se déroule progressivement sous nos yeux, à portée de nos micros. Il nous incombe d’évaluer à quel point nous amplifions ce débat malsain qui s’installe à travers nos médias et de le freiner avant qu'il ne soit trop tard », soutiennent-ils.
Un débat s'est créé autour des dispositions de la Constitution du pays. Et les juristes pro-Macky Sall y vont de plusieurs interprétations pour prouver qu'il est possible pour leur champion de se présenter pour l'élection de février 2025. Les journalistes n'entendent pas reculer et invitent le président à respecter sa volonté de respecter les textes, clamée à plusieurs reprises depuis des années. « Dans une démocratie, le respect de la Constitution, norme suprême, est fondamental. Mais au-delà du nécessaire respect des textes de droit prévus par nos corpus juridiques, il est aussi crucial de faire converger ou de relier ces textes aux valeurs, notamment au respect de la parole donnée. À considérer même que les textes prêtent à confusion dans leur lettre, quoi de plus normal que de recourir à l’esprit pour en saisir la quintessence. À ce propos, nous vous renvoyons, vous et vos collaborateurs, à vos nombreuses déclarations sur les implications de la révision constitutionnelle issue du référendum de 2016 », ont-ils déclaré.
© MEDIA AFRIQUE NEWS. All Rights Reserved. Design by DPL DIGITAL