SÉNÉGAL : LES LÉGISLATIVES ANTICIPÉES, UN TOURNANT POLITIQUE ATTENDU

Huit mois après une crise politique marquante, le Sénégal s’apprête à retourner aux urnes pour les élections législatives anticipées prévues le 17 novembre. Les citoyens sénégalais éliront les 165 membres de l’Assemblée nationale pour un mandat de cinq ans, dans une atmosphère de forte tension politique.

Ces élections sont le résultat de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Bassirou Diomaye Faye, une décision prise le 12 septembre dernier pour contrer un parlement jugé « hostile » à son gouvernement. Cet acte symbolise le premier grand défi électoral du président Faye depuis son accession au pouvoir. Pour nombre d’analystes politiques sénégalais, ce scrutin prend des allures de “match retour” entre l’ancien président Macky Sall et le Premier ministre actuel, Ousmane Sonko.

La coalition majoritaire, Alliance pour la République (APR), dirigée par l’ex-président Macky Sall, détient actuellement 83 sièges. Ce bloc dominant a été un frein majeur aux réformes proposées par le gouvernement, qui ne dispose que de 23 députés. Le parti du Premier ministre, Ousmane Sonko, aspire donc à renverser cette majorité parlementaire pour instaurer une nouvelle ère politique et faire avancer son programme.

Plusieurs autres coalitions d’opposition sont en lice, dont “Jamm ak Njarin”, dirigée par l’ancien Premier ministre Amadou Ba, candidat potentiel pour les élections présidentielles, et “Samm sa Kaddu”, menée par Barthélémy Dias, maire de Dakar. Ces formations espèrent également capter les suffrages des électeurs en quête de renouveau politique.

Pour le président Faye et son gouvernement, ces élections sont un véritable test de popularité. En plaçant Ousmane Sonko en tête de liste, le pouvoir cherche à capitaliser sur la popularité du Premier ministre. L’objectif est clair : obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale pour asseoir un programme politique axé sur la « rupture » et ainsi renforcer la légitimité du gouvernement.

Pas moins de quarante-et-une listes de coalitions et partis politiques ont été validées par la Direction générale des élections. Ce scrutin, à la fois majoritaire et proportionnel, se jouera en un seul tour. Pour les candidats, l’heure est désormais aux derniers efforts de mobilisation : meetings, rencontres, et, dès cette semaine, le début des passages à la télévision nationale pour des temps d’antenne alloués aux différentes listes.

Pour le gouvernement, l’enjeu est de taille. Une victoire éclatante pourrait permettre à Bassirou Diomaye Faye de légitimer son pouvoir et de donner un nouvel élan à son programme de réformes. Mais le rapport de forces reste incertain, et l’opposition, bien que divisée, est prête à défier le pouvoir en place.

Au Sénégal, l’heure est donc à l’attente et à l’observation, dans un climat où chaque acteur politique tente de faire entendre sa voix pour marquer les esprits avant ce rendez-vous électoral déterminant.