Confirmer le soutien des pays riches vis-à -vis des pays les plus démunis, c’est tout l'objet du sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial qui s’est ouvert jeudi et prévu s’achever ce vendredi au palais Brongniart. Une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement mais aussi plus de 300 représentants d'institutions financières internationales, de membres du secteur privé et de la société civile ont un but commun : faire en sorte qu'aucun pays n'ait à choisir entre la lutte contre la pauvreté et le réchauffement climatique.
Au regard des conséquences de la pandémique du Covid, de la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine, sans oublier les effets du réchauffement climatique, les pays du Sud sont actuellement dans un gouffre. Pire, un ressentiment certain envers les pays riches est de plus en plus visible ces dernières années au regard des promesses non tenues et des conséquences de la guerre en Ukraine. Pour certains pays, l'Occident aurait une part de responsabilité dans son déclenchement avec l'extension de l'Otan vers l'Est. Cependant, les pays pauvres, aucunement responsables de la pandémie, encore moins de la guerre en Ukraine et des émissions de gaz à effet de serre générées par les pays du Nord, ne veulent plus être laissés au bord de la route. Le fossé Nord-Sud n'a fait que s'élargir un peu plus depuis près de 5 ans.
Des attentes considérables lors du Sommet de Paris
Les besoins financiers sont colossaux pour résoudre les problèmes qui se profilent. A cet effet, l'Élysée évoque « 1.000 milliards de dollars de financement externe supplémentaire qu'il faudrait mettre sur la table ». Mais les chiffres sont sans doute supérieurs. Selon l'ONG Oxfam, c'est 27.000 milliards de dollars qui devront être mobilisés pour « lutter contre la pauvreté, les inégalités et faire face aux changements climatiques dans les pays en développement » d'ici à 2030, soit environ 3.900 milliards chaque année. La Banque mondiale, dans son plan d'action sur le climat de 2021 estimait le montant des investissements nécessaires pour construire des infrastructures répondant aux besoins des pays en développement à 4.000 milliards de dollars par an jusqu'en 2030.
Maintenir les engagements de part et d'autre
C'est donc à un choc de financement que le sommet de Paris doit parvenir, comme le souligne le chef de l'État français, Emmanuel Macron, à l'initiative du projet. Cela passe déjà par le respect des engagements du passé. En 2009, à Copenhague, les pays riches avaient promis de mettre sur la table 100 milliards de financement climat par an. La communauté internationale a pris du retard sur le sujet. Même constat du côté du recyclage, à hauteur de 100 milliards de dollars, des avoirs de réserves des pays riches au Fonds monétaire international vers les pays pauvres. Taxe carbone pour l'industrie du transport maritime, taxe sur les transactions financières et taxe sur les billets d'avion étendue, les idées pour augmenter la collecte des capitaux supplémentaires pour ce choc de financement fusent.
Un allègement considérable de la dette est-il indispensable ?
Un autre pan du dossier concerne l'allègement du fardeau de la dette des pays les plus démunis. Là encore, le retard est patent. La hausse des taux d'intérêt des grandes banques centrales consécutive à la résurgence de l'inflation les étrangle. « Le sommet de Paris devrait permettre, on l'espère, des avancées significatives » sur le sujet, dit-on à l'Élysée. Autre enjeu : faire en sorte que les grandes banques multilatérales de développement, en premier lieu la Banque mondiale, se montrent plus audacieuses dans leur politique de prêt. « Comment ces banques-là, à partir de l'argent public qu'on leur a donné comme capital de départ, seront capables de démultiplier ce capital initial pour mettre beaucoup plus sur la table », sera au cœur des discussions.
Au-delà des débats techniques, il s'agit aussi de réaffirmer que les valeurs du multilatéralisme sont les seules capables de l'emporter et à même de résoudre ces grands enjeux du XXIe siècle. Au terme des discussions, le sommet devrait se conclure sur l'adoption d'une feuille de route. Une sorte de « vade-mecum » qui servira lors du prochain sommet des chefs d'État et de gouvernement du G20 en septembre prochain à New Delhi. Cette feuille de route sera aussi un fil rouge pour les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Marrakech en octobre, et la COP 28 à Dubaï début décembre. « Toutes ces échéances vont nous permettre de montrer comment, à Paris, on a pu débloquer des conversations pour avancer très concrètement », veut croire l'Élysée.
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