Enfin, le bout du tunnel. Plus de 10.000 victimes ou parents de victimes de l'ex-dictateur tchadien Hissène Habré ont commencé à recevoir, huit ans après sa condamnation à perpétuité pour crimes contre l'Humanité, une indemnisation du gouvernement, ont annoncé des ONG, le 5 mars.
« Les paiements ont commencé le 23 février », a indiqué la Commission internationale de juristes (Cij) dans un communiqué, qui précise que l'indemnisation de 10 milliards de FCFA est destinée aux « survivants des prisons et (aux) familles de ceux qui ont été tués sous Habré ».
Le président de l’Association des droits humains au Tchad, Djidda Oumar, a précisé que chaque victime recevrait « 925 000 F CFA […] à parts égales », qu’elle soit « directe ou indirecte ».Ce montant ne représenterait toutefois qu'une « petite fraction de ce qui leur a été accordé par les tribunaux, et beaucoup, beaucoup moins que ce à quoi elles ont droit en vertu du droit international », a déploré la Cij.
En mars 2015, la justice tchadienne avait déjà condamné 24 anciens agents de la police politique sous Habré, au versement de 75 milliards de FCFA (114 millions d'euros) de dommages et intérêts aux victimes recensées, en ordonnant au gouvernement de payer la moitié de la somme et aux agents condamnés de payer l'autre.
Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990 et qui avait trouvé refuge au Sénégal après avoir été chassé du pouvoir, y avait été arrêté, inculpé et jugé par ce tribunal spécial. Il avait été déclaré coupable de crimes contre l'Humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvements et condamné à la prison à vie à l'issue d'un procès sans précédent.
Une commission d'enquête tchadienne a chiffré à 40.000 morts le nombre des victimes de la répression sous le régime Habré, renversé en 1990 au Tchad et mort en prison à Dakar le 24 août 2021.
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