TOGO : 50 ANS DE COMMÉMORATION DE LA DISPARITION DE BELLA BELLOW

Disparue il y a un demi-siècle en pleine ascension, la chanteuse togolaise Bella Bellow fait l’objet de commémorations à Lomé. L’occasion de revenir sur le destin brisé de celle qui aurait dû devenir l’une des grandes voix du continent africain.

Elle n’avait que 28 ans lorsqu’un accident de voiture a mis fin brutalement à son parcours en 1973. Fauchée en pleine gloire, Bella Bellow était alors sur le point de s’imposer comme l’une des grandes voix d’Afrique, au même titre que sa référence Miriam Makeba. Avec son éternel turban sur la tête et sa voix irrésistible, celle que l’on surnommait déjà « l’étoile du Togo » n’avait pas grand-chose à envier à sa grande sœur d’Afrique du Sud.

Son héritage artistique : un seul et unique album, paru en 1969. Enregistré à Paris avec un groupe de musiciens africains assemblés pour l’occasion (parmi lesquels un jeune saxophoniste camerounais encore inconnu, Manu Dibango) ce disque reste l’un des plus vibrants témoignages de la musique africaine des années 60 et 70. Même si elle chante dans sa langue maternelle, le mina un dialecte parlé dans le sud du Togo, Bella Bellow se nourrit d’influences internationales blues, gospel, soul et bossa-nova.Comme en témoigne ce précieux document, sa seule apparition à la TV française, dans l’émission Discorama de Denise Glaser.

A la même époque, Bella Bellow multiplie les concerts, partout dans le monde, de l’Olympia jusqu’aux plus grands festivals africains (à Dakar, Cotonou ou Abidjan), en passant par les Antilles ou encore le Maracana de Rio au Brésil où elle fait forte impression. Sa renommée commence alors à s'étendre. Une photo restée célèbre la montre même en compagnie du Dieu du foot brésilien Pelé. Bella Bellow semblait donc destinée à une grande carrière internationale. Sa disparition précoce a laissé les Togolais inconsolables. Mais son aura s’est diffusée dans toute l’Afrique de l’Ouest à titre posthume. Elle a même fait des émules. 

Parmi ses fans, la grande chanteuse béninoise Angélique Kidjo lui a rendu le plus beau des hommages en 2018, lors des commémorations du centenaire de l’armistice de 1918, en reprenant sa ballade Blewu. 

Cet hymne à la fraternité prend une nouvelle signification lorsqu'elle est joué devant des dizaines de chefs d’Etat tels Angela Merkel, Vladimir Poutine ou encore Donald Trump. Tout cela valait bien un hommage national. Au Togo, les festivités ont démarré en décembre, au moment de la date anniversaire de sa mort, et se poursuivront jusqu’au printemps. Concerts, expositions, offices religieux, sortie d’une biographie signée d’un auteur togolais... Bella Bellow, la seule artiste nationale à avoir eu des billets de banque à son effigie, fait encore la fierté de ses compatriotes même si sa célébrité n’est plus tout à fait la même auprès des jeunes générations.