TUNISIE : MANIFESTATIONS À TUNIS CONTRE L’INCARCÉRATION DE L’OPPOSANTE ABIR MOUSSI

Des milliers de manifestants ont envahi les rues de Tunis, le 15 octobre, pour protester contre le placement en détention d’Abir Moussi, opposante farouche au président Kaïs Saïed.

C’est une véritable marée humaine dans les rues de Tunis. Entre 1 500 et 2 000 personnes ont manifesté, le 15 octobre, pour protester contre l’arrestation le 3 octobre, puis le placement en détention deux jours plus tard d’Abir Moussi.

La cheffe du Parti destourien libre (PDL, opposition) fait l’objet d’accusations relevant de l’article 72 du Code pénal qui prévoit la peine capitale pour toute personne jugée coupable « d’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’inciter les gens à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien ».

Violemment critique à l’égard du président Saïed et du parti islamo-conservateur d’opposition Ennahda, Abir Moussi, 48 ans, est accusée par ses détracteurs de vouloir rétablir un régime autoritaire à l’image de celui du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 à l’issue de la première révolte du Printemps arabe.

Répression à outrance des opposants au régime

Celle qui a dénoncé à de multiples reprises « un coup d’État » du président Kaïs Saïed a été arrêtée le 3 octobre devant le palais présidentiel de Carthage et placée en garde à vue. Une situation très préoccupante en Tunisie, où le président Kaïs Saïed a pris le contrôle total du pouvoir depuis le 25 juillet 2021, en gelant le Parlement et en limogeant son Premier ministre.

Depuis lors, il a lancé une vague d’arrestations contre des opposants politiques et des membres de la société civile, les accusant de comploter contre la sécurité de l’État ou d’offenser le chef de l’État. Plusieurs organisations de défense des droits humains, dont le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, ont dénoncé cette répression et ont appelé à la libération immédiate des personnes détenues arbitrairement et au respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire.