Cependant, cette somme est loin des 150 milliards de francs CFA que la cour criminelle de N’Djamena en 2015, et la Cour africaine spéciale de Dakar en 2017, avaient fixés comme réparations pour les victimes des crimes commis sous le régime de Habré (1982-1990). Les 10 milliards déboursés à ce jour ne représentent qu’un peu plus de 10 % des indemnités initialement prévues, mais ils marquent un geste significatif, attendu depuis des décennies.
« Les victimes de Hissène Habré se sont battues sans relâche pendant 25 ans pour que le dictateur et ses complices soient jugés », rappelle Reed Brody, l’un des principaux acteurs du procès Habré. « Cet argent ne couvre qu’une petite partie des réparations accordées par les tribunaux, mais pour des victimes qui ont tant attendu, ce paiement fait une énorme différence dans leur vie. »
Les victimes espèrent désormais une seconde vague d’indemnisation. « Cette première somme a soulagé un peu les victimes. Maintenant, nous réclamons une deuxième opération, car cette première étape a redonné espoir à des gens qui étaient désespérés », a déclaré un représentant des victimes.
Pour Reed Brody, le gouvernement tchadien doit redoubler d’efforts, car ces 10 milliards ne représentent qu’un cinquième des sommes que l’État devrait verser. Le reste des 150 milliards dépend de l’Union africaine (UA), chargée par le tribunal spécial de Dakar de créer un fonds fiduciaire destiné à mobiliser ces ressources. À ce jour, huit ans après le procès, ce fonds n’a toujours pas vu le jour.
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