Le spectacle est insoutenable. Depuis août 2022, la plage de Jamestown, à Accra, est submergée par le débarquement massif de textiles usagés en provenance des pays occidentaux et d’Asie, «dont la qualité de plus en plus médiocre empêche la commercialisation». Amas de chaussures, pantalons, lambeaux de tee-shirts… forment des dunes sur la plage du pays d’Afrique de l’Ouest. Soit environ de 15 millions d’articles de seconde main chaque semaine.
Chaque semaine en effet, l’ONG Or Foundation collecte des échantillons pour des besoins d’enquête dont les premiers résultats seront publiés d’ici à la fin de l’année. «La surproduction et la surconsommation des pays du Nord sont une boite noire dans l’industrie de la mode», s’est désolée l’ancienne styliste et la fondatrice d’Or Foundation. «Le trop-plein est expédié ici, mais il ne s’agit ni de recyclage ni de charité : c’est un business dont le Ghana doit gérer les effets délétères sans en avoir les moyens», a confié Liz Ricketts dans un article dans Le Monde.
Ces déchets textiles alimentent un écosystème où s’activent quelques 30 000 tailleurs et commerçants. Mais 40% des fripes sont de si piètre qualité qu’il fait les mettre au rebus, estime Or Foundation. «Le problème, c’est qu’il s’agit rarement des plus belles pièces, et nous ne parvenons plus à faire face au détritus que cela génère», s’est agacé le responsable de la gestion des déchets de la municipalité d’Accra, qui n’a pas manqué d’insister sur les conséquences écologiques de cette «invasion».
«Les tortues ne savent plus où enterrer leur œufs sur la plage et, quand nos pêcheurs lancent leur filets, ils rapportent du tissu plutôt que des poissons», a conclu Salomon Noi. Vivement qu’une solution urgente soit trouvée pour un rapide à la normale.
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