Sous une fine pluie, en plein cœur du quartier Kissosso, dans la commune de Matoto à Conakry, Fodé Camara a bâti sa PME. Dans une cour fermée, du côté nord d’une concession familiale, le jeune entrepreneur a installé son atelier. La pièce contient à la fois des déchets nettoyés, des machines à coudre, divers articles déjà prêts à la commercialisation et des divans pour recevoir les invités. Tout heureux de nous accueillir, l’initiateur du projet se confie avec joie : « Les sachets d’eau minérale, quand les gens les utilisent et les jettent dans la nature, on les récupère et on en fait des sacs à dos, bref, en divers articles. On commence par la collecte, après on passe aux achats, au repêchage puis au découpage, au séchage et au montage ».
Trois machines à coudre sont utilisées pour rendre le produit fini. Les objets sont couverts de tissus locaux, et l’esthétique est au rendez-vous. Un sac à dos coûte 80 000 francs guinéens (prix de détail, NDLR), l’équivalent de 56 000 francs CFA d’Afrique Centrale. Fodé Camara est fier de ce qu’il est en train d’accomplir : « Aujourd’hui, cette activité m’a permis d’être libre économiquement. J’arrive aussi à employer des gens. On a quatre emplois directs et huit emplois indirects, ce qui fait un total de douze emplois créés ».
Si aujourd’hui les projecteurs sont braqués sur Mana Gnuma, c’est grâce aux efforts marketing et communication menés par la jeune Djénabou Sow. Les deux collaborent depuis 2021 et ensemble, ils visent loin. « Quand j’ai découvert son projet, j’ai dit : “Moi, je vais t’aider à découvrir et à saisir les opportunités. Je vais t’aider à ce que le monde puisse découvrir ce que tu es en train de faire”. Ce n’est pas donné à tout le monde de réussir le pari de la transformation des déchets plastiques. Depuis, on travaille ensemble, j’arrive à le coacher dans ce qu’il fait, notamment côté communication et partenariat », explique-t-elle.
Outre les avantages pécuniaires, leur activité vise également à lutter contre la pollution de l’environnement. Djénabou et Fodé brandissent fièrement ce mérite. « Il faut carrément éviter de dégrader l’environnement », insiste-t-elle. Et d’ajouter : « Il faut savoir que le problème de l’environnement est un problème mondial, c’est un défi urbain, un défi sanitaire, un défi environnemental. Il faut qu’on réussisse à débarrasser Conakry des déchets plastiques ».
Conakry d’abord, puis toute la Guinée et toute l’Afrique, envisagent ces deux jeunes entrepreneurs, qui déclarent ainsi la guerre contre les pollueurs. Pour y parvenir, Djénabou et Fodé savent que ce n’est pas un cadeau offert sur un plateau d’or. Ils entendent d’abord marquer leur territoire en Guinée avant d’aller à la conquête du monde avec humilité. C’est pourquoi ils sollicitent l’appui de l’État guinéen et des organismes de lutte contre la dégradation de l’environnement à travers le monde.
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