Au petit port de pêche artisanal de Ouakam, au cœur de Dakar, les pêcheurs sont inquiets. La sardinelle, ce petit poisson argenté qui constitue la base de l’alimentation de nombreuses familles sénégalaises, se fait de plus en plus rare. Selon une étude publiée en juin dans la revue Scientific Reports, cette diminution est due à la tropicalisation des écosystèmes marins. Les eaux chaudes du Sénégal ne sont plus favorables à la sardinelle, qui migre vers des zones plus tempérées au large des côtes marocaines. “Nous sortons en mer chaque jour, mais nos filets reviennent presque vides”, déplore Mamadou Ndiaye, un pêcheur local.
La tropicalisation des écosystèmes marins, causée par le changement climatique, modifie la répartition des espèces dans l’océan. La sardinelle, autrefois abondante au large des côtes mauritaniennes et sénégalaises, est désormais capturée en grande quantité au Maroc. Ce déplacement nordique représente un défi majeur pour les communautés de pêcheurs sénégalais. Amadou Diop, océanographe à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, explique : “Les changements de température et de salinité de l’eau perturbent les habitats naturels de la sardinelle, poussant les populations de poissons à migrer vers des eaux plus fraîches.”
Les conséquences de cette migration sont déjà palpables. La raréfaction de la sardinelle met en péril la sécurité alimentaire au Sénégal, où ce poisson est une source essentielle de protéines pour les familles. De plus, l’économie locale, fortement dépendante de la pêche artisanale, est fragilisée. Les pêcheurs de Ouakam appellent à une action urgente des autorités pour protéger les stocks de poissons et soutenir les communautés affectées. “Nous avons besoin d’une gestion durable des ressources marines et de mesures pour atténuer les impacts du changement climatique”, insiste Alioune Sarr, président de l’association des pêcheurs de Ouakam. Le défi est immense, mais la survie de nombreuses familles en dépend.
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